Les étudiants se mobilisent autour de la réforme souhaitée du mode de scrutin

QUÉBEC — Le mouvement étudiant est en train de se mobiliser autour de la réforme souhaitée du mode de scrutin, inquiet de constater qu’il ne reflète pas la volonté populaire. Et il espère mobiliser la population en général.

Des associations étudiantes se disent déterminées à relancer le débat sur le sujet et elles organisent une manifestation devant le parlement, le mardi 29 novembre, jour de la rentrée parlementaire, afin de sensibiliser le gouvernement Legault à leurs revendications. D’autres actions sont prévues dans les prochains mois en vue de créer une vaste coalition autour de cet enjeu.

Contrariés par l’importante distorsion observée lors de l’élection du 3 octobre entre le vote populaire et le nombre de sièges obtenu par chaque parti, cinq porte-parole, la plupart étudiants, ont soutenu qu’il était faux de prétendre que le sujet n’intéressait personne, comme l’a fait le premier ministre François Legault, en affirmant que la réforme du mode de scrutin ne préoccupait que «quelques intellectuels».

Au contraire, en conférence de presse mardi à Québec, ils ont soutenu que la population était mécontente de la situation actuelle et réclamait des changements à ce chapitre.   

Essentiellement, pour corriger la situation, ils se disent favorables à l’adoption d’un mode de scrutin proportionnel mixte avec compensation régionale.

Ils espèrent que les élus des différents groupes parlementaires représentés à l’Assemblée nationale se joindront à eux mardi prochain, pour appuyer leur cause. Des contacts seront faits en ce sens au cours des prochains jours.

Alors qu’il était dans l’opposition, en mai 2018, le premier ministre Legault était lui aussi favorable à revoir le système électoral. Il s’était engagé, s’il prenait le pouvoir, à procéder à une réforme du mode de scrutin actuel, uninominal à un tour, propice aux distorsions. 

Durant le premier mandat, la ministre d’alors de la Réforme électorale, Sonia LeBel, avait déposé en 2019 le projet de loi 39 instaurant le mode de scrutin proportionnel mixte avec compensation régionale, mais il a été aussitôt rangé sur une tablette, donc jamais adopté.

Sous prétexte que ce n’était pas une priorité de la population, le premier ministre Legault avait choisi alors de reculer, donc de bafouer sa promesse de 2018.

Malgré cela, les associations étudiantes ne renoncent pas et demandent au gouvernement de rappeler ce projet de loi. 

«On voit que la porte, elle est fermée. On est ici pour la défoncer», a résumé le porte-parole du Mouvement Démocratie nouvelle (MDN), Jean-Benoît Ratté, qui dit vouloir «construire un rapport de forces» avec le gouvernement.

Le premier ministre ne peut pas tout simplement, de son propre chef, fermer le dossier et clore le débat, a soutenu un autre porte-parole. «On peut mettre de la pression. On peut forcer le débat. On ne peut pas forcer la réforme, mais on peut certainement forcer le débat», a renchéri Maël Ferland-Paquette, de la Mobilisation citoyenne pour une réforme du scrutin.

Lors du scrutin du 3 octobre, les trois partis d’opposition ont obtenu un score semblable, entre 14 et 15% d’appui,  mais la volonté populaire n’est d’aucune façon reflétée dans la répartition des sièges à l’Assemblée nationale.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a obtenu 21 sièges (revu à 19 depuis), Québec solidaire (QS) 11 et le Parti québécois (PQ), 3. Le Parti conservateur (PCQ), qui a obtenu 13% du vote, n’en a aucun.   

Quant à elle, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a raflé la part du lion, avec 90 sièges sur 125, donc 72% des places, avec 41% du vote.

Les organisations présentes à la conférence de presse étaient la Mobilisation citoyenne pour une réforme du scrutin (MCRS), le Mouvement Démocratie nouvelle (MDN), la Coalition pour une Réforme Électorale Maintenant, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ).

En vertu du projet de loi 39, la population du Québec devait être représentée par 125 députés comme c’est le cas présentement, mais l’Assemblée nationale n’aurait compté que 80 députés élus selon le mode actuel, auxquels on aurait ajouté 45 députés de liste, non élus, associés à une région déterminée et choisis par leur parti en fonction du nombre de votes obtenu dans cette région.

Précisément en vue d’éviter le genre de distorsion rendue possible le 3 octobre, l’idée du projet de réforme consistait à faire en sorte que le nombre de sièges occupé par un parti à l’Assemblée nationale corresponde au pourcentage de votes obtenu par ce parti.

Selon le mode de scrutin proposé, le territoire québécois compterait donc 80 circonscriptions (au lieu de 125) et 17 régions électorales.