Les manifestants qui bloquaient l’accès à un dépotoir de Winnipeg sont délogés

WINNIPEG — Des policiers et des employés municipaux ont délogé, mardi matin, les manifestants qui bloquaient l’accès à une décharge de Winnipeg depuis près de deux semaines.

Les manifestants exigeaient que des fouilles soient menées dans un autre dépotoir, au nord de la ville, pour tenter de retrouver les restes de deux femmes autochtones assassinées.

Des employés municipaux équipés de machinerie lourde ont enlevé des planches de bois et d’autres matériaux qui bloquaient la route menant à la décharge de «Brady Road». Il n’y a pas eu d’arrestations et le démantèlement s’est déroulé dans le calme.

«J’ai été en liaison avec le leader du groupe et nous nous sommes entendus sur ce qui allait se passer aujourd’hui, a déclaré l’inspecteur Gord Spado, du Service de police de Winnipeg. Les manifestants ont retiré ce qu’ils voulaient conserver et cela a permis à la Ville d’intervenir et de nous aider à enlever le matériel qui bloquait encore la route.»

La police appliquait en fait une injonction temporaire du tribunal que la Ville avait obtenue vendredi. La Ville de Winnipeg avait plaidé devant le tribunal que ce blocus causait des risques pour l’environnement et la sécurité.

L’injonction interdit aux manifestants de bloquer la route menant à la décharge de «Brady Road», mais leur permet de maintenir le campement qu’ils avaient monté au bord de la chaussée il y a plusieurs mois.

L’inspecteur Spado a déclaré que les émotions étaient vives, vendredi dernier, lorsque l’injonction a été émise, alors la police a préféré attendre.

Le blocus de la décharge municipale a été mis en place le 6 juillet, lorsque la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a annoncé que le gouvernement ne fouillerait pas la décharge privée de «Prairie Green», au nord de la ville, dans l’espoir de retrouver les restes de deux femmes autochtones assassinées.

Jeremy Skibicki a été accusé de meurtre au premier degré dans la mort de quatre femmes, dont Morgan Harris et Marcedes Myran, dont les restes pourraient se trouver au dépotoir de «Prairie Green».

Il a également été accusé relativement à la mort de Rebecca Contois, dont des restes partiels ont été retrouvés l’année dernière au dépotoir municipal de «Brady Road», et d’une femme non identifiée que les dirigeants autochtones appellent «Buffalo Woman», dont les restes n’ont pas été retrouvés.

«Ce n’est pas fini»

L’un des manifestants a déclaré mardi que les moyens de pression se poursuivraient. «Ce n’est pas encore fini, vous pouvez compter là-dessus, a promis Harrison Powder après le démantèlement mardi. Nous bloquerons les chemins de fer. Nous bloquerons les routes. Nous ferons tout ce que nous devons faire pour garder ce dossier dans l’actualité, pour maintenir cette cause en vie.»

Joseph Munro, l’un des organisateurs, a déclaré qu’un deuxième camp sera installé à l’extérieur du Musée canadien des droits de la personne, au centre-ville de Winnipeg. Un porte-parole du musée a confirmé que des pourparlers étaient en cours à ce sujet.

Les manifestants ont déclaré qu’ils souhaitaient également que la décharge de «Brady Road» soit elle aussi fouillée. Ils ont souligné une tentative infructueuse, il y a 11 ans, pour trouver sur ce site les restes de Tanya Nepinak, et ils croient que les restes d’autres femmes autochtones pourraient également se trouver dans ce dépotoir.

Les gouvernements provincial et fédéral se sont jeté la pierre dans ce dossier.

Pour expliquer sa décision d’écarter la fouille de la décharge de «Prairie Green», la première ministre Stefanson a notamment évoqué les risques pour la santé et la sécurité des enquêteurs. Elle a aussi souligné une étude financée par le gouvernement fédéral selon laquelle une telle fouille pourrait coûter jusqu’à 184 millions $ et exposerait les travailleurs à des matières toxiques, sans aucune garantie de succès.

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a de son côté accusé le gouvernement provincial de s’être dégagé de ses responsabilités, puisque ce sont les provinces qui sont responsables des dépotoirs. La première ministre Stefanson a accusé le ministre fédéral de politiser un drame humain.

Les experts qui avaient été consultés pour l’étude fédérale ont rejoint les dirigeants autochtones et les proches des femmes assassinées, lundi, affirmant que les risques pourraient être atténués et que les fouilles pourraient donc être menées en toute sécurité.