Ottawa s’associe à un organisme pour accueillir des réfugiés LGBTQ+

OTTAWA — Le Canada s’est associé à une organisation à but non lucratif en vue de protéger les réfugiés LGBTQI+ et de les accueillir au pays. 

Le gouvernement Trudeau a annoncé, jeudi soir, un partenariat avec Rainbow Railroad, un groupe basé en Amérique du Nord qui vise à aider les personnes persécutées par l’homophobie et la transphobie systémiques et étatiques dans le monde. 

Jusqu’à présent, l’organisme s’est acquitté de cette tâche en offrant aux personnes en danger une relocalisation d’urgence, une intervention en cas de crise et une aide financière. 

Le partenariat avec le Canada est le premier qui permettra à Rainbow Railroad de faciliter la réinstallation de réfugiés parrainée par le gouvernement.

Dans un communiqué du cabinet du premier ministre Justin Trudeau, on y explique que «Rainbow Railroad cherchera à trouver des personnes LGBTQI+ et leurs familles fuyant la violence et la persécution pour les diriger vers le gouvernement du Canada». 

Ottawa entend assurer leur réinstallation par l’entremise du Programme des réfugiés parrainés par le gouvernement.

«Ce partenariat nous permet de faire ce que nous n’avons pas pu faire jusqu’à présent, à savoir trier les cas vraiment vulnérables et les cas urgents de protection», a affirmé Kimahli Powell, PDG de Rainbow Railroad.

Les persécutions fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont en augmentation. La semaine dernière, l’Ouganda a adopté l’une des lois anti-homosexualité les plus sévères au monde.

Les politiciens canadiens de toutes les allégeances ont condamné cette loi, qui prévoit la peine de mort pour les personnes ayant des relations homosexuelles avec un partenaire séropositif, et de longues peines de prison pour la «promotion» de l’homosexualité et les relations entre personnes du même sexe.

Les personnes persécutées sont déjà orientées vers le Canada par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, mais la situation en Ouganda illustre l’importance d’une agence axée sur les réfugiés LGBTQ, a fait valoir M. Powell.

«De nombreuses personnes fuient l’Ouganda pour se réfugier au Kenya, pays voisin qui criminalise également les relations sexuelles entre personnes de même sexe», a expliqué M. Powell en entrevue. La discrimination à laquelle elles sont confrontées au Kenya rend plus difficile l’accès aux ressources traditionnelles destinées aux réfugiés.

«Un partenaire spécialisé dans les personnes LGBTQI+, comme Rainbow Railroad, en particulier en temps de crise, peut rendre la réinstallation plus sûre pour les personnes LGBTQI+ en danger.»

Depuis l’adoption de la loi, Rainbow Railroad a reçu 600 demandes d’aide de l’Ouganda, soit plus du double du nombre de demandes reçues de ce pays pendant toute l’année dernière.

Selon M. Powell, une soixantaine de pays ont criminalisé l’intimité entre personnes de même sexe.

Le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, a présenté cet accord comme l’un des premiers du genre. Selon lui, l’entente aidera le Canada à mieux répondre aux «situations émergentes».

Le gouvernement négocie encore le nombre de réfugiés susceptibles d’être pris en charge dans le cadre du programme, mais M. Powell espère que ces prises en charge débuteront dès que possible. 

Rainbow Railroad a reçu quelque 10 000 demandes d’aide l’année dernière.