Plusieurs organismes peinent à répondre à la demande en période d’inflation

MONTRÉAL — L’augmentation du coût de la vie touche de nombreuses familles à l’approche de la rentrée scolaire, et par le fait même, les organismes qui leur viennent en aide. Les différentes organisations peinent à répondre à la demande qui se fait grandissante, alors que leur pouvoir d’achat est réduit en raison de l’inflation. 

Regroupement Partage fait partie des institutions qui pourront aider un moins grand nombre d’enfants à l’approche de la rentrée des classes cette année. L’organisme remettra un sac à dos rempli de matériel scolaire et une épicerie complète à 7000 enfants. 

«On n’échappe pas à cette inflation-là, qui est immense et majeure, qui fait qu’effectivement nous aussi, avec la même quantité d’argent, on va pouvoir desservir un moins grand nombre de personnes, explique Audrey Renaud, directrice générale de Regroupement Partage. Juste au niveau des sacs à dos, il y a 17 % d’augmentation. Au niveau des fournitures scolaires c’est 18 % d’augmentation, et l’épicerie on parle de 25 % d’augmentation.»

Jeunesse au Soleil soutiendra pour sa part 1000 enfants de familles qui ont déjà recourt à son service d’aide alimentaire. Toutefois, le contenu des sacs à dos sera moins garni.

«Le gros problème cette année, c’est l’augmentation de tous les coûts. Pour nous on a un budget, on a un donateur qui nous aide avec le programme, alors on doit rester dans le budget. Par exemple, cette année, on a dû enlever les calculatrices, on a enlevé le petit sac pour mettre les crayons, juste pour rester dans notre budget», évoque Ernest Rosa, directeur du service d’urgence de Jeunesse au Soleil. 

À cela s’ajoute la hausse fulgurante du nombre de demandes d’aide que reçoivent les organismes. 

«Les demandes depuis deux ans, elles ont doublé, littéralement. Puis, ce qui est super préoccupant, c’est que le visage de ces gens-là change drastiquement», évoque Mme Renaud. 

Pour la première fois en 20 ans, Regroupement Partage a élargi le territoire où elle répond aux demandes d’aide, incluant dorénavant la MRC de La Rivière-du-Nord et la municipalité de Longueuil.

«L’année dernière, on a eu 49 % de nouveaux demandeurs. C’est-à-dire, des gens qui n’avaient jamais demandé de l’aide avant, et qui en demandaient pour la première fois. Ça en dit long sur l’espèce de nouvelle réalité de cette classe moyenne», précise Mme Renaud. 

Malgré le grand nombre de demandes, le Club des petits-déjeuners n’a pas pu inclure de nouvelles écoles dans son réseau l’année dernière, en raison d’un manque de fonds. L’organisme appuie les écoles à long terme une fois qu’elles sont incluses dans leurs programmes, et n’était pas en mesure d’assurer ce suivi à de nouveaux établissements. 

«Dans les dernières années, on a vu une augmentation, et on constate aussi une augmentation des besoins dans les programmes actuels. Et ça, on n’en parle pas assez», explique Judith Barry, co-fondatrice et directrice de relations gouvernementales du Club. 

«Souvent, on pense à quantifier les besoins selon le nombre de nouvelles demandes, mais à l’intérieur du réseau qu’on appuie actuellement, il y a plus de demandes. Ce sont des programmes qui sont ouverts à tous les élèves, mais il y a encore plus d’élèves qui participent et qui se présentent avec des besoins grandissants», explique-t-elle. 

Des programmes gouvernementaux nécessaires

Même si une «solution miracle» n’existe pas pour éliminer la précarité des familles québécoises, Regroupement Partage souhaite que «des programmes gouvernementaux qui sont justes et équitables» soient mis en place. 

«Quand on investit sur les jeunes, quand on investit sur leur éducation, c’est que ces gens-là par la suite vont devenir les futurs travailleurs, parce qu’on sait qu’il y a un jeune sur trois qui vit en insécurité alimentaire qui va être un décrocheur», explique Mme Renaud. 

Aider les jeunes à poursuivre leur scolarité contribue à briser des cycles de pauvreté, en évitant qu’ils se retrouvent de façon précoce sur le marché du travail pour aider leur famille, ce qui ne représente pas une solution «viable» à long terme, souligne la directrice générale de Regroupement Partage. 

«Ce sont des cycles de précarité et de pauvreté qui se répètent de génération en génération, et il faut que ça cesse éventuellement. Il faut donner à ces jeunes-là une chance égale à la rentrée scolaire, peu importe leur milieu», dit-elle. 

Le Club des petits-déjeuners dit pour sa part être en discussion avec le gouvernement du Québec et veut mettre sur pied des campagnes de financement pour avoir le plus de donateurs possible. L’organisme souhaite aussi inclure de nouvelles écoles dans son programme cette année. 

«On pense pouvoir réussir, mais en même temps, on sait très bien que ce ne sera pas une année scolaire facile», affirme Mme Barry. Le Club souhaite que des politiques publiques soient implantées pour «permettre d’élargir l’accès à de sains aliments nutritifs à l’ensemble des élèves» au Canada. 

«Ce qu’on souhaite dans le futur, c’est vraiment l’implantation de programmes qui vont venir bonifier les contributions des communautés, les contributions du privé, et les contributions des organismes comme le Club des petits-déjeuners», détaille Mme Barry. 

Note aux lecteurs: Ceci est une répétition corrigée d’une dépêche transmise dimanche. Au 17e paragraphe, il faut lire que le Club des petits-déjeuners dit est en discussion avec le gouvernement du Québec ET VEUT mettre sur pied des campagnes de financement pour avoir le plus de donateurs possible.