Québec choisit la firme américaine Epic pour créer son Dossier santé numérique

MONTRÉAL — Québec a arrêté son choix sur la firme Epic Systems Corporation, établie au Wisconsin, pour échafauder l’infrastructure de son ambitieux projet de dossier santé numérique. La première phase de cette nouvelle transition numérique du réseau de la santé doit prendre la forme d’un projet pilote dans deux régions dès 2024.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a révélé cette information mercredi après-midi lors d’un échange avec la députée libérale Michelle Setlakwe dans le cadre de l’étude détaillée du projet de loi 15 sur la réforme du réseau de la santé.

«Le processus de contrat est en cours en ce moment», a-t-il dit avant d’ajouter que «c’est sur le point de se finaliser».

«Pour des raisons d’implantation, de langue, etc., on a choisi Epic», a ensuite révélé le ministre.

Invité à donner plus de détails par La Presse Canadienne, le cabinet du ministre de la Santé a indiqué qu’une annonce aurait lieu ce vendredi par voie de communiqué.

Dans une déclaration écrite attribuée au ministre Dubé, celui-ci se dit «très heureux» de l’annonce qui marque «un grand pas en avant dans la réalisation de nos engagements et dans notre démarche visant à rendre le système de santé plus performant».

Une deuxième entreprise de propriété américaine, Cerner Canada ULC, était aussi dans la course. Les deux firmes avaient été retenues à la suite d’une première ronde d’appel de propositions sur invitation à laquelle six fournisseurs potentiels avaient répondu. 

D’après les explications fournies par M. Dubé, le ministère procéderait actuellement aux vérifications nécessaires afin de s’assurer que l’entreprise sera en mesure de livrer une solution technologique à la hauteur de ce qu’elle a présenté dans sa soumission.

«Quand on signe des contrats, on veut s’assurer qu’ils vont livrer la marchandise», a insisté le ministre, en ajoutant que les responsables des technologies de l’information du ministère ont fait des évaluations rigoureuses.

Selon l’échéancier évoqué en commission parlementaire, les projets pilotes dans les Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et du Nord-de-l’île-de-Montréal pourraient débuter d’ici quelques semaines.

Par la suite, le ministre Dubé veut que ces deux établissements soient opérationnels dans la nouvelle infrastructure numérique au plus tard en 2025. Puis, l’ensemble du réseau de santé sera progressivement intégré au dossier santé numérique au plus tard d’ici cinq ans.

Les estimations avancées par Québec prévoient une facture pouvant atteindre 3 milliards $. On souhaite que le nouveau système permette un meilleur accès aux renseignements médicaux des patients pour les professionnels de la santé et une plus grande fluidité dans le partage de données à travers le réseau.

Pour le personnel médical et administratif, l’implantation d’un tel système devrait réduire considérablement le volume de paperasse et alléger les tâches bureaucratiques.

Accompagnement

Au fil de la discussion avec la députée Michelle Setlakwe, Christian Dubé s’est ouvert davantage sur ses intentions dans la manière de procéder à l’implantation du nouveau système technologique. Disant s’appuyer sur son expérience passée dans le domaine privé, il croit important d’impliquer un troisième joueur pour «accompagner» la démarche.

Cette étape supplémentaire pourrait retarder légèrement le démarrage du projet puisqu’un nouvel appel d’offres sera nécessaire.

«C’est tellement gros, ce projet-là, qu’on veut avoir un accompagnateur qui vient nous aider», a-t-il partagé en évoquant l’image d’ajouter des bretelles à la ceinture. «On veut avoir un accompagnateur externe qui a l’habitude de ces implantations-là, de suivre ça», a-t-il ensuite répété.

Afin de favoriser la meilleure intégration possible du nouveau système, Québec veut impliquer les archivistes médicaux et autres professionnels sur le terrain qui ont une bonne connaissance des pratiques actuelles en matière de collecte de renseignements de santé. 

On veut que le personnel en place appuie la firme Epic dans le développement du Dossier santé numérique et qu’un accompagnateur s’assure du déroulement harmonieux de l’opération qui devrait s’étaler sur plusieurs années.

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