Laïcité: un projet de loi «modéré» et «équilibré» selon le ministre Jolin-Barrette

Le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec, Simon Jolin-Barrette, estime que son projet de loi sur la laïcité en est un «modéré» et «équilibré».

Celui-ci a commenté le document qu’il a présenté à l’Assemblée nationale à la fin du mois de mars, avant de participer à un événement partisan organisé par le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, à Notre-Dame-des-Pins le 4 avril.

D’entrée de jeu, M. Jolin-Barrette rappelle que la laïcité est un thème récurrent depuis 10 ans en politique provinciale, soit depuis le dépôt du rapport de la Commission Bouchard-Taylor en 2008, et qu’il compte régler la situation d’ici le 15 juin.

«Même chose pour les services à visage découvert. Le fait de donner ou de recevoir des services, c’est non négociable au Québec. Il faut que ça se fasse à visage découvert. C’est aussi inclus dans le projet de loi», clame le ministre.

Le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, estime qu’il s’agit d’un enjeu important pour les citoyens de sa circonscription. «Le respect des valeurs québécoises est aussi quelque chose qui est hyper important et que l’on souhaitait régler depuis longtemps, ce que le Parti libéral du Québec n’a jamais réussi à faire en 2008», indique-t-il.

M. Poulin précise toutefois ne pas avoir connaissance d’une personne qui serait touchée par cette loi dans sa circonscription.

Un débat émotif

Tous deux sont conscients que le projet de loi est loin de faire l’unanimité, tant à l’Assemblée nationale qu’à l’extérieur, alors que certaines associations et commissions scolaires parlent de défier la loi.

«C’est un débat émotif, mais nous avons tous une responsabilité comme élus de nous parler sereinement et calmement. On peut ne pas être en accord, mais on sait que la population souhaite qu’on légifère sur ce dossier-là et que l’on puisse tourner la page», affirme M. Jolin-Barrette, qui souhaite adopter le projet d’ici le 15 juin.

Il soutient avoir déjà fait des compromis en ajoutant une clause pour que les personnes portant déjà un symbole religieux demeurent en poste. De plus, le crucifix trônant au-dessus du président de l’Assemblée nationale sera déplacé une fois le projet de loi adopté.

M. Jolin-Barrette se dit toutefois ouvert aux suggestions des autres partis pour «bonifier» le projet de loi. «Est-ce qu’il a de bonnes idées dans d’autres partis qui peuvent apporter une bonification ? Oui, mais sur le fond, le gouvernement est ferme. On a déjà fait un compromis sur les droits acquis», ajoute-t-il.

Rappelons que la mesure phare du projet de loi prévoit l’interdiction de porter des symboles religieux aux employés de l’État en position d’autorité, dont les juges, les policiers et les gardiens de prison, de même que les enseignants et les directeurs d’écoles.

«Pour tout ce qui est de l’interprétation des droits fondamentaux, par exemple la liberté de religion, il va falloir prendre en compte la notion de laïcité de l’État. C’est une avancée historique qui fait suite au parcours du Québec», conclut-il, faisant référence à la séparation de l’État et de l’Église catholique dans les années 1960.