Le plus vieux joueur de la ligue de hockey de Beauce vivant: Henri Veilleux, 101 ans

COMMUNAUTÉ. Henri Veilleux a célébré, récemment, ses 101 ans. Homme de sagesse,  il a 1001 histoires à raconter, au détail près.  Il a joué une quinzaine d’années pour la ligue de hockey de Beauce et il est le plus vieux joueur encore en vie. Quel est le secret de sa longévité? La vodka.

« Tous les jours, en fin d’après-midi, je prends un petit apéritif de trois onces de vodka avec deux glaces dans un grand verre d’eau. C’est un vrai remède. Ma femme m’accompagnait avec un petit verre de vin sucré. Nous avons été mariés pendant 72 ans. C’est quasiment un record », lance M. Veilleux, sur une teinte d’humour. Son épouse, Réjeanne Morissette, était une artiste-peinte. « Elle se levait le matin et elle se mettait à peindre. Jamais elle n’a vendu ses œuvres ni ne les a exposées. Elle faisait cela pour le plaisir et elle les offrait à nos petits-enfants. »

Il y a quatre ans, cette dernière, alors âgée de 95 ans, est décédée sur la table d’opération. Elle avait des problèmes au cœur. « Moi et mon fils n’avons pas pu lui dire au revoir. Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital pour la visiter, on nous a dit que sa date d’opération avait été devancée. Personne ne nous avait appelés pour nous prévenir, mais ils ont appelé mon fils pour lui annoncer son décès », raconte l’époux veuf encore accablé de chagrin.

Lui et sa femme ont eu quatre fils.Trois d’entre eux sont décédés. Le plus jeune de ses garçons lui rend visite régulièrement. M. Veilleux se réconforte auprès de ses cinq petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants. Ce qu’il aime le plus, se rendre au chalet familial, au Lac-Metgermette à Saint-Zacharie.

Lors de l’entrevue avec le centenaire, sa télévision était ouverte sur une chaîne de sport. Devant lui était déposé le journal de Québec, grand ouvert, à la section sport. De toute évidence, il est un passionné de sport.

« Il fut autrefois un hockeyeur bien connu dans la Beauce », me dit l’employée qui m’a escortée jusqu’au logement de M. Veilleux, à la Seigneurie du Jasmin, à Saint-Georges.  À 101 ans, ce grand homme chérit ses souvenirs.  Il m’a invitée à  entrer dans sa pièce à souvenirs. Accrochées sur le mur : des photos de lui avec sa femme et ses enfants, d’autres photos du temps qu’il jouait au hockey, des prix et des plaques. Il a joué avec Maurice Richard – hors partie –  et il a même déjoué le gardien de but Jacques Plante. On dit de lui qu’il a laissé sa marque dans la ligue de hockey de Beauce. Il a agi comme allié et défenseur. M. Veilleux précise qu’il n’a jamais joué dans un aréna puisque cela n’existait pas à son époque.

« Je jouais au hockey dehors. J’en ai pelleté un coup, et on venait aussi me chercher en  machine à neige », se remémore-t-il. 

Durant la Deuxième Guerre mondiale, il aurait voulu joindre l’Aviation royale canadienne comme pilote, mais il a été refusé à cause de son pouls qui était trop lent.

« Par contre, au hockey, mon pouls m’a permis de jouer longtemps sur la patinoire, pendant que les autres joueurs étaient assis et essoufflés », relate-t-il.

Cependant, M. Veilleux ne voulait pas aller au front durant la guerre. Il a donc « déserté » dans le bois.

« J’ai travaillé aux États-Unis pendant quatre ans. L’employeur ne m’avait pas inscrit sur sa liste d’employés. Lorsque je suis sorti du bois, la guerre était finie », indique-t-il.

M. Veilleux est diplômé de l’Université Laval en vente agréée. Il a eu sa propre compagnie de nettoyage – Nettoyeur Veilleux -, qu’il a achetée avec son frère. L’entreprise était située sur le boulevard Dionne, à Saint-Georges. Pendant une trentaine d’années, il a été représentant de ventes de matériaux de construction. Lorsqu’il a pris sa retraite, il a tout vendu et s’est acheté un véhicule motorisé. Lui et sa femme ont visité et revisité le Canada et les États-Unis sur une période de huit ans. 

Lorsque l’entrevue a pris fin, son fils, Henri Veilleux junior, est venu le chercher, car un dîner de fête l’attendait sur un autre étage.

« Mon père a toujours été d’une bonne écoute. Encore aujourd’hui, des gens viennent le voir, car il a toujours donné d’excellents conseils. Il a une grande sagesse. À 101 ans, je suis toujours épaté par sa capacité à maintenir des discussions », souligne son fils.

M. Veilleux père se déplace toujours avec son fauteuil roulant électrique. En entrant dans l’ascenseur, il dit : « Pensez-vous que je descends en enfer ou au paradis ? » M. Veilleux a tout un vécu et a traversé de dures épreuves. Comme dit l’expression, il a sûrement gagné son ciel.