Le retrait du permis de conduire et ses conséquences chez les aînés

La docteure Michèle Morin, interniste gériatre, a entretenu la population beauceronne des défis que représente la conduite automobile pour les aînés, plus particulièrement chez ceux présentant des troubles neurocognitifs majeurs (TNC), pendant sa conférence donnée au centre de congrès Le Georgesville, le mardi 23 avril dernier, à 13h30.

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D’entrée de jeu, quelques statistiques se sont imposées. «Dans la dernière décennie, le nombre de conducteurs de 65 ans et plus a presque doublé au Canada. En 2011, environ 16 % des automobilistes au pays faisaient partie de cette catégorie d’âge. En 2025, ce nombre grimpera à 24 %», a d’abord expliqué la conférencière.

Contrairement aux jeunes de 16 à 25 ans qui sont plus souvent concernés par les accidents de la route causés par la vitesse ou l’alcool, les personnes âgées sont quant à elles davantage victimes d’incidents à basse vélocité.

«Dans leur cas, les accrochages surviennent généralement lors de virages à gauche, aux intersections ou encore aux arrêts dans les quatre directions, car ils omettent parfois certains panneaux de signalisation tels que ceux qui les obligent à céder le passage aux autres usagers», ajoute Mme Morin.

Mme Morin s’est adressé aux Beaucerons pendant près de 1h45.

Troubles neurocognitifs majeurs

L’interniste gériatre estime que la conduite automobile, peu importe l’âge du conducteur, est «une activité hautement complexe qui sollicite de nombreux systèmes du corps simultanément, notamment la vision, l’audition et même la mobilité cervicale pour effectuer des angles morts».

Considérant l’ensemble des capacités physiques qui sont nécessaires afin d’éviter de compromettre sa propre sécurité et celle d’autrui sur la route, elle a donc tenu à informer le public des risques que courent les gens présentant un TNC, l’Alzheimer par exemple, lorsqu’ils se retrouvent derrière le volant.

«Si on les compare avec leurs pairs âgés, ces derniers conduisent encore plus lentement, en plus d’avoir tendance à peser simultanément sur le frein et l’accélérateur, à freiner plus subitement et à dévier dans la voie adjacente. Ils ont également de la difficulté à reconnaître leurs erreurs», précise-t-elle.

Notons qu’en 2001, 30 % des Canadiens ayant un diagnostic connu de troubles neurocognitifs majeurs conduisaient encore aux dires de la docteure. Parmi ceux-ci, 40 % avaient déjà été impliqués dans un accident.

Une période de questions a débuté vers 15h15.

Le retrait du permis de conduire 

La Société de l’assurance automobile du Québec se voit dans l’obligation de retirer le permis de conduire d’une personne, jeune ou moins jeune, quand elle est déclarée inapte à conduire de façon sécuritaire par l’un des cinq ordres professionnels autorisés à le faire.

Il s’agit des médecins, des spécialistes des yeux (optométristes ou ophtalmologistes), des ergothérapeutes, des psychologues ou des neuropsychologues, de même que des infirmiers et infirmières.

C’est donc après avoir mené de multiples évaluations concernant l’autonomie d’un aîné et ses performances intellectuelles, notamment en vérifiant la capacité de celui-ci à réaliser, sans aide, des activités fonctionnelles telles que le ménage, le lavage ou la préparation des repas, ainsi que des activités domestiques comme se laver et manger, que peut survenir, ou non, la révocation de son permis.

Précisons que parmi les conséquences reliées à la perte de ce privilège, Michèle Morin note d’ailleurs le deuil d’une liberté valorisante, la perte d’indépendance et l’isolement social.

«Il est aussi possible qu’une telle situation crée un fardeau supplémentaire pour le conjoint ou la conjointe de l’automobiliste en question», conclut la principale intéressée.